mardi 28 janvier 2014

L'HISTOIRE



Qu’est-ce que je me suis dit la première fois ?


Je me suis dit ça la première fois:
Quand je les écoute, ils voient le monde du fond de leur île, il faut que je leur montre le monde, le vrai. Que je partage mes convictions profondes, que je leur parle de mes valeurs. 
Et puis j'ai laissé leur histoire m'envahir. J'ai balayé la table d'un bras décidé. Décidé à oublier et à écouter. Ecouter. Alors, j'ai ravalé mes certitudes et j'ai appris à écouter.

Jusqu’à ce que je découvre que je devais moi voir le monde à travers leur île.
Du fond de leur île.
Mon île.
Aujourd’hui.
Mon île.
Toi qui m’as ouvert les yeux.
Toi à qui je parle, toi à qui j'écris.
Inlassablement.
Tu m'as ouvert les yeux.
Tu as posé tes yeux de velours sur moi, me regardant pour moi et non pour ce que je suis. Et mon âme s'est retournée. Et j'ai compris le ciel et les étoiles, le fond de l'océan et la houle de l'île des pins, la mort et la vie.





 
Je suis resté longtemps debout, appuyé au chambranle kanak.
Je fumais cigarette sur cigarette, sentinelle absorbée dans le moindre bruit. Jusqu’à ce que je sois sûr qu’elle ne viendrait plus.
Si j’avais su qu’il existait ici la boite qui contenait l'histoire de ma vie...
Si j'avais su que les kanaks gardaient dans une case, au bord de Kanumera, à côté de la barque de Philémon, l'histoire de ma vie... 
Ma vie liée à vous...
Si j'avais su...
Et quoi si j'avais su... infatigable orgueil... à balayer toi aussi...
Non, je le savais, mais je n'ouvrais pas les yeux sur la vraie vie...

La plus merveilleuse histoire d’amour que je pouvais rêver…

lundi 27 janvier 2014

LES PLUMES DE L'OISEAU

Mon volcan, ma blessure, mon échappée, mon foulard de voyou, ma guitare, mon mois d'avril, mon mois de mai, mon printemps, ma lumière, mon île, toute l'eau tombe sur nous, 

regarde,





 L'oiseau s'est envolé, les plumes bien serrées, les ailes déployées. Quand on le voit partir on lui souhaite bon voyage et on serre les fesses pour le voir revenir. Le Chantier s'est envolé. Que va-t-il devenir? Un creuset où les apprentis comédiens vont comprendre que le secret de l'acteur est dans le travail? J'espère. Comme Kanumera signifie en Kunie "ce qui est en dessous de l'amour", "théâtre" signifie "ce qui est en dessous du labeur". Alors quand toutes les capacités créatrices de chacun s'unissent pour faire vivre un espace à un moment donné, le labeur des artistes fait avancer la vie de l'art et les spectateurs ne s'y trompent pas.





 L'aventure est un chemin que l'on prend sans projet. Il se dessine ce chemin juste quelques centimètres devant le pas de plus.




 Les armes ne sont pas toujours des outils à tuer. Mais des outils pour que chacun crée.





 Créer. Qu'est-ce que c'est? Arracher quelques fibres de son être, les souffler comme les anges pour qu'une autre vision du monde puisse être partagée? Un bel objet esthétique? Une performance?





Mon rêve, ma belle île, ma pensée, ma saison, mon tropique, belle lumière de mes nuits, mon étoile, ma chair, ma moitié, toi qui vas et qui viens, toi qui navigues dans l'univers comme ma goélette à deux mâts, toi qui es l'enveloppe bleue de toutes mes espérances, le sac de toile de mes élans, la guitare de mes poèmes, ma muse, toi qui m'éclaires comme une sirène, mon poisson, ma fleur de Maa, ma prairie, ton sang et mon sang, le beau fleuve, belle rivière jamais vue avant,

cette aventure comme d'autres avant, d'autres à venir, toi à qui je parle, toi à qui j'écris, qu'elle aille au bout de sa propre existence et qu'elle explose en plein ciel,

Aujourd'hui était un jour,
Déjà passé,
Aujourd'hui je t'écris et déjà l'encre est passée,
Aujourd'hui je regarde mes mains et déjà aujourd'hui passe partout tout autour,
Aujourd'hui,
Non,
Demain,
Seul demain, 
Toujours demain,
Vivre demain,
Est-ce vivre,


 
A demain





samedi 25 janvier 2014

LE SOUFFLE


 Mon île, mon parfum, ma magie, ritournelle aux doux refrains, ma douce fleur du vent, toi qui souffle et souffle encore, pose ton corps sur le bord de la fine courbe de la baie des crabes. Il est là, devant la pluie, le vent et la tempête. Le gamin t'attend dans la houle dressée, quand la marée remonte et te serre les chevilles dans ses mains de méduse folle. Le gamin t'attend mon île... ma merveilleuse, ma magnifique, faite de tous ces beaux gestes insensés, petits gestes de cadeaux, petits gestes généreux, toujours ta générosité, cette chaleur, cet amour qui te guide, même dans cette tempête tu chantes ta ritournelle et fait tomber le sucre des fleurs jusque sur le bout de ma langue. Mon île, ton souffle me fait rêver, et je passe de ce rêve au suivant, et au suivant, au suivant, et encore au suivant, à la vitesse de ton souffle, ce souffle que tu emportes avec toi dans le mouvement de dentelle de ta peau sur ta peau.


 "La colère est montée juste après. Il était là à courir derrière lui qui bondissait d'un rocher jusqu'à l'autre en scrutant le fond de la vague. Le chef de Clan me recevait. Je l'écoutais. Il lançait par moments sa palangrotte et la remontait avec un calmar au bout qu'il jetait sur l'herbe de la berge. L'animal asphyxié changeait de couleur et offrait un spectacle électrique, éclatant, avant de se fixer dans sa propre gelée. Le Chef de Clan parlait. "Ils nous ont abandonnés. Ils sont venus jusqu'ici, ils nous ont dit qu'il ne faut pas vivre tout nu, qu'il ne faut pas manger l'homme, qu'il n'y a qu'un seul Dieu, qu'il faut chanter ses louanges, qu'il faut prier. Ils nous ont appris les chants d'amour, les mots précieux, et puis un jour ils sont partis. Ils nous ont abandonnés avec nos églises et nos temples et nos prières. Et nous sommes perdus. Aujourd'hui nous sommes perdus. Qu'est-ce que nous allons faire?"
Et il avait crier "A demain" en me jetant les calmars comme un cadeau. C'est pour moi qu'il pêchait.
La colère est venue quand capitaine Sauvage a reposé ses yeux sur la mer. Le souffle du vent lui striait le visage des fils bleus et la pluie le griffait, fine et glacée. La colère montait en lui. L'arrogance du blanc, la stupidité de l'église, la misère des missionnaires. 

Il est parti, remontant le sentier jusqu'à la case qui l'abrite. Il a pris son sac presque vide, ses bottes et son ruban rouge, fin ruban rouge, qu'il noue sur le poignet pour garder la chaleur, la douce et immense chaleur qu'il a ressentie quand elle a posé les yeux sur lui. La femme dans la maison, tout au bord de la baie du chef de Clan. Cette femme. Cette jeune belle femme. C'est elle qu'il attendait. Quand leurs regards se sont croisés, ils ont été tous les deux foudroyés. Comme des gamins, foudroyés. Par cette chose qu'on ne pense jamais voir ou vivre un jour. Cette force qui vient on ne sait pas d'où, vous prend par le col, et vous soulève et vous projette en l'air comme ce fétu d'herbe que la tempête maltraite et assomme sur le tronc du cocotier. Elle est là. 

Et la tempête dans son esprit, sous ses cheveux.

"Je ne sais plus quoi faire". 
"Je ne sais plus ce que je fais".
"Je ne sais plus ce que je vois".
"Je ne sais plus ce que j'entends".

"Je ne peux plus rien faire qu'elle".



 A demain, après le souffle, après la rencontre, après l'autorité du Chef de Clan, après la tempête qui souffle sur la baie des crabes, après, toujours, après, demain, seul demain existe, seul demain, seul demain... mon île  aux contours que j'apprends à voir, au dessin qui vient lentement sous la plume du stylo sans réserve qui coule, coule, coule, liquide intrépide et sensuel qui trouble le fondement des mots.

A demain ma merveilleuse







vendredi 24 janvier 2014

SUR LE GUIDON DE JEAN

Mon île, les aventures ne tombent pas du ciel, les paris ne se mesurent pas à leur propre dimension mais à celle de celui qui les tient, les êtres humains sont une alchimie permanente qui réussit son expérience quand la magie réunit les bonnes personnes pour "faire ça!". Ce ça qu'aucun d'entre nous ne pouvait identifier avant. Et le Chantier fut un bonheur qui a envie de suivre son chemin.


C'est une première. Pour toi mon île et pour vous mes poissons, et pour moi. Le Chantier prend son envol tout seul, demain comme un oiseau qui apprend à voler, comme une petite tortue à peine née qui de son trou de sable court vers l'eau de l'océan et tente d'échapper aux prédateurs qui la guettent.




Ma merveilleuse, ma magnifique, je suis fier de retrouver ce soir et tous les autres soirs, la bande du "Guidon de Jean". J'ai l'impression certaine, que ce qui se passe là, va délier quelques langues qui s'endormaient déjà croyant que c'était l'hiver, alors que le printemps nous ouvre un oeil et pointe déjà son doigt sur nous.

A demain, ma belle pluie de papiers blancs, comme les cadeaux sont immenses quand ils sont si petits, comme on les voit briller quand le théâtre les prend sous sa voûte, mon île, ma merveilleuse, que la vie est belle, la vie, ce cadeau des étoiles qui me stupéfait de jour en jour.

ECRIRE LE TEXTE DU CLAN PECHEUR EN DIRECT


Mon île, mon salut à la terre, mon magma en fusion, ma passion, mon fleuve et ma rive, mon océan, mon théâtre, regarde, à travers le hublot du Betico, juste sous la croix de St André, ma petite tortue a sorti la tête, elle me regarde et replonge et vient vers le bateau. "Tu t'en vas?" me dit-elle, "Tu quittes l'île des Pins?", "Tu pleures?" elle plonge et nage et quand elle tourne à nouveau sa jolie tête vers moi elle a un grand sourire, "Je viens avec toi, je viens, où que tu ailles je serai toujours là."




EPILOGUE DU CLAN PECHEUR

CAPITAINE SAUVAGE

"Oui, je pleure et mes larmes se fondent dans la houle qui frappe le hublot. Mais j'ai dans les yeux ton sourire et tes larmes. On dit que les tortues ne pleurent jamais. Je pars et ne pars pas. Les îles sont faites de ces questionnements inlassables. Celui qui part ne reviendra peut-être jamais. Les larmes de mon île cachent ma tortue qui nage vers moi. Je reviendrai. Je suis là. Je reviendrai. L'histoire ne finira jamais. Elle a commencé il y a 65 millions d'année, elle a tant d'épisodes, tant de chapitres, tant de feuilles et de langues pour la raconter, que nous n'aurons jamais le temps de tout nous dire, mais que nous jacasserons tous les deux sans fatigue sans fin, avec cet élan, ce plaisir et ce besoin qui nous caractérise quand nous nous retrouvons. Ce que j'ai vu ici, ce que j'ai entendu, ce que j'ai vécu ne ressemble à aucune autre vie. Je ne savais pas que cette vie existait. Je ne savais pas quand je venais vers elle qu'elle me transformerait à ce point. Je ne savais pas que je pouvais atteindre à cette perfection de l'existence. Oui c'est elle qui m'a léché de son océan de douceur, qui m'a effleuré de ses mèches et a fait de moi le prince de ce pays inconnu, celui de notre identité, celui de notre fusion, ce pays où je suis toi où tu es moi, où ne faisons qu'un. " 



Il y a à Nouméa un bar, sur le port, qui s'appelle "Le bout du monde". Toute l'île des Pins avait pris le Betico ce soir-là pour aller écouter le groupe de John, "Libéral", qui jouait sur la terrasse. Alors l'île des Pins dansait. Tous ces beaux visages souriaient et nous buvions à la joie, au plaisir d'envahir le temps tous ensemble. Mon île, dansons comme nous savons le faire tous les deux, l'un à côté de l'autre, l'un devant l'autre, l'un sur l'autre, tous les deux envahis par la houle du cosmos, le bonheur à l'état pur, dansons, dansons, dansons, dansons.

A demain

jeudi 23 janvier 2014

LE CLAN DU BOUT DU MONDE



Mon île, ma merveilleuse, qu'est-ce que c'est le millimètre, qu'est-ce que c'est l'oiseau qui vole, qu'est-ce que c'est l'étoile filante, qu'est-ce que c'est le ban de sardines qui remonte l'Afrique, qu'est-ce que c'est le plongeur qui veut descendre encore plus loin, qu'est-ce que c'est le bout du monde où tu habites, le commencement du Monde?

                                                                             PROLOGUE


Capitaine Sauvage. Il regarde Philémon.

Mon amour

Il regarde l’océan et moi je le regarde
Je le regarde et je te vois, toi. C’est vital. Je viens chaque jour, après avoir dormi quelques minutes, après avoir rêvé quelques éternités, après avoir choisi les tissus de la journée. Je viens chaque jour et je le regarde pour te retrouver.




 Je suis venu jusqu'à ce bout du monde comme Sepulveda est parti pour le sien. Il n'écrivait pas pour faire de la littérature. Il écrivait son histoire.





"Un garçon de seize ans lit Moby Dick et part chasser la baleine. Un baleinier industriel japonais fait un étrange naufrage à l’extrême sud de la Patagonie. Un journaliste chilien exilé à Hambourg mène l’enquête et ce retour sur les lieux de son adolescence lui fait rencontrer des personnages simples et hors du commun, tous amoureux de l’Antarctique et de ses paysages sauvages. Il nous entraîne derrière l’inoubliable capitaine Nilssen, fils d’un marin danois et d’une Indienne Ona, parmi les récifs du Cap Horn, sur une mer hantée par les légendes des pirates et des Indiens disparus, vers des baleines redevenues mythiques. Luis Sepulveda.








Bien avant que je ne te vois
Avant que l’avion décolle
Avant la nuit
Avant le parfum du jasmin dans les rues de l’été
Avant de quitter l’Afrique
Avant de prendre le large et mettre le cap sur l’Indonésie
Avant de passer la Papouasie
Avant la barrière de corail
Avant les îles des mélanésiens
Avant
Avant mon amour que je te vois
Avant,
Avant n'existe pas,
Seul demain,
Seul demain,
Seul demain,

... mon amour jamais vu, mon visage en nuage, mes cheveux toujours devant, mon mouvement quand tu te tournes vers moi, lumière blanche qui voile et éblouit, mon amour, l'éther me saoule et je m'envole.







C'est ainsi que commence l'histoire du Clan Pêcheur de l'île des Pins. Capitaine Sauvage est là sur la scène. Il n'a pas d'âge. Il semble toujours étonné de tout. Ses yeux scrutent toujours quelque chose au loin. Toujours au loin.


A demain, seul demain, seul demain, seul demain

dimanche 19 janvier 2014

AN 0 - VOUS ACTEURS

 

Elle est là. Depuis toujours. Elle marche sur cette plage. Elle va. Elle va vers lui. Le sable blanc de Kanumera l'aveugle. Elle distingue la silhouette du gamin. Mais devant, sur la fine courbe qui sépare l'eau du sable et les mêle en un pépiement bruyant de sardines argentées, un bâton planté l'arrête.




 Depuis toujours, depuis qu'elle passe son temps dans le silence, ils la regardent. Ils ne la surveillent pas, ils la protègent. Ils ont seulement les yeux posés sur elle.






Imaginez.


Imaginez, vous mes acteurs pourquoi je vous demande le silence. Le gamin qui est devant elle et que personne ne voit sur la photo, est assis sur le tronc couché du coco mort depuis des millions d'années. La mouette est à côté de lui. Il regarde la belle jeune femme s'avancer. Il l'attend depuis si longtemps. Il lui a écrit tant de lettres, de jours et des lettres qui filaient sous ses pieds fragiles. "Ma merveilleuse, mon île, ma douceur sur la langue, mon orchidée, mon voyage, mon sac, mon encre bleue, mon encre inépuisable qui coule de la bouche invisible de ce stylo sans réserve et qui n'arrête plus d'écrire, et qui écrit encore et encore. Jamais aucune étoile ne m'avait couvert de cadeaux. Jamais aucune chanson ne m'avait à ce point chanté et couvert de cadeaux. Jamais aucun silence ne m'avait couvert de cadeaux tous plus immenses les uns que les autres, ceux pour écrire, tous qui se bousculent et se complètent pour peindre et dessiner, lire et suspendre et se montrer, bijou caché bijou collé, bijou noué, bijou lavé et lettre soigneusement rêvée qui vient brûler le coeur de mon existence, soulever le centre de mon âme et m'emporter."

La tête entre les mains, il voit le bâton dressé devant la belle jeune femme. Depuis qu'il l'attend ce bâton semble si dérisoire, barrière si fine que tout passe au travers, d'un côté de l'autre, frontière inexistante, menace en déséquilibre. Pourtant elle s'est arrêtée. Elle est là, tellement là que c'en est douloureux. Derrière elle, les cris, devant elle le bâton.

Voilà pourquoi vous mes acteurs, je vous demande de parler, d'écouter et de ralentir, ralentir, d'essayer de voir, de voir avec vos yeux, de voir vraiment l'invisible, d'entendre les sirènes et de donner la parole aux damnés de la terre.

Mon île, ma magnifique, ma musique, mon cuivre et ma fleur rouge, c'est toi qui es là sur la plage blanche de Kanumera. Regarde sur ta droite il y a la baie ronde et frémissante de risées contraires, sur ta gauche les cocotiers et les maisons des Comagnas, la barque de Philémon, et sur le chemin, qui arrive, le gamin aux feuilles de papier. C'est un pays où les blancs sont noirs, où les noirs sont blancs, où les amoureux n'ont pas d'âge, où les enfants ne se posent pas de question sur leur couleur.

A demain

Demain quand nous jouerons Le Clan Pêcheur,

Demain quand nous jouerons

vendredi 17 janvier 2014

ILS VONT VERS ELLE - MON ILE



Tous voyagent sans cesse vers une île. Tous voyagent inlassablement.



Ils voyagent comme les personnages d'un film.
Ils n’ont rien avec eux.

Ils ont atteint cette perfection.

Ils ne possèdent rien.

Mes héros sont bien plus forts que moi.
Ils n'ont rien, ne mangent jamais ou presque, boivent beaucoup, dorment quelques minutes, contemplent l'horizon indéfiniment, tordent l'axe du temps et passent d'une heure à une autre sans attendre l'horloge, ils connaissent tout du monde, de la mer et du ciel, ils n'ont peur de rien, ils savent toujours qu'il y a quelqu'un quelque part qui connait la réponse à leur question, 

Ils n'ont rien,
Ils ne possèdent rien,
ils n'ont pas d'âge,
Ils sont amoureux comme des gamins,
Ils aiment à en perdre la raison,
Ils perdent la raison sans cesse et sont pourtant très raisonnables,
Ils aiment la justice et l'équité,
Ils parlent aux animaux,
Ils ont rencontré des créatures fantastiques et connaissent mille histoires terribles,
Leur sac vide contient tout ça,
Un savon, une serviette, 
Ils n’ont rien
Toujours le même costume

Toujours la même chemise

Les pieds nus

Toujours les mêmes bottes



Où vont-ils

Ils vont vers elle

Tous ils vont vers elle

Mon île, mon paysage d'encre noyée, mon amour de pays inconnu, ma terre où la mer vient se poser, mon abysse, mon étoile, mon pays où je n'ai rien d'autre que toi, mes cheveux où les doigts viennent se retrouver, ma bouche mes dents mon île où le souffle vient expirer.

Comme mes personnages je n'ai rien, je ne possède rien, j'ai toujours les mêmes costumes, les mêmes bottes, Comme eux je vais inlassablement vers ce pays invisible, et je voyage toujours à la recherche de mon île. Devenir le violoniste, Capitaine Sauvage, le gamin, t'écrire, t'aimer, voilà ma vie, ma merveilleuse, et quand je n'aurai vraiment plus rien je serai tellement léger que l'air m'emportera.




A demain