mardi 7 février 2012

LE SEPTIEME KAFANA OU LE TUBE DE O-ZONE DRAGOSTEA DIN TEI





Il suffit de voir ce clip et d'écouter ce tube que vous connaissez tous, pour mesurer le degré d'envie d'évasion, d'envie de partir, de quitter leur pays, quand on voit ces trois garçons voler un avion et s'amuser à jouer des stars américaines.

Alors ce rêve? Vous n'en avez pas vous? Vous n'avez jamais rêvé de partir loin pour profiter des plaisirs multiples d'une lointaine plage ou neige ou forêt ou banque ou je ne sais quoi qui vous semble manquer à l'accomplissement de vous-mêmes?


Le théâtre doit mettre en scène ces témoignages sortis du document rapporté par une journaliste et mettre en scène ce rêve qui peut pousser ces jeunes enfants à tout croire pour le réaliser.


Où seront les spectateurs dans notre histoire?

Avec elles?

Devant elles?

Derrière elles?

Qui sommes-nous quand on nous révèle ces horreurs?













Sommes-nous des acteurs?

Sommes-nous spectateurs?

Qui nous pardonnera?

LE SEPTIEME KAFANA

Dans les rencontres que la vie nous réserve ou que nous nous imposons, il y a, de manière hasardeuse, celles qui nous laissent indifférents, et les inoubliables, les traumatisantes, celles qui s'incrustent dans la mémoire avec tous les détails et toutes les ombres toutes les lumières.

Si vous avez rencontré une prostituée un jour, vous ne l'avez certainement pas oubliée.

Dans cette mémoire qui nous assiste tout au long de notre vie il y a les vrais souvenirs et les fantasmes ou les souvenirs fantasmés, et puis il y a le rêve. Les rêves. Nos rêves. Ceux qui sont nés dans notre petite enfance, ceux qui nous projettent nous-mêmes dans le futur et ceux qui s'enracinent et se développent à partir des images, visuelles ou sonores, que le monde des médias nous envoie pour nous montrer une autre vie, un autre monde, qui semblent tellement mieux que les nôtres.

Que serions-nous capables de faire pour réaliser ce rêve? Pour atteindre "l'inaccessible étoile"? Que nous semble notre vie et quelle est-elle quand nous la rêvons, ailleurs?

Certainement qu'avec l'âge et les expériences vécues les rêves prennent une autre teinte. Mais quand on a plus rien. Quand on a rien. Quand on ne vit pas. Quand on a dans les mains des mobiles, des portables, des outils sur lesquels internet déroule toutes les secondes des milliers et des milliers de nouveautés, de tentations toutes plus séduisantes les unes que les autres. Quand on sait qu'on a aucune chance de pouvoir vivre ça un jour et que quelqu'un, une femme, un homme, un ami, un inconnu, nous glisse tout à coup à l'oreille "si tu veux je peux t'aider à te trouver du travail là-bas". Que serions-nous alors capables de faire, de croire?

Cette pièce nous livre ce contenu terrible de l'escroquerie la plus insoutenable de notre monde et que nous connaissons et que nous tolérons, nous les "grands pays" de ce monde: le trafic d'êtres humains. Le trafic de jeunes femmes que nous devrions plutôt appeler des enfants. Des jeunes femmes de 18 ans. Des jeunes femmes qui ont ouvert un jour les yeux sur ce rêve: partir et qui sont devenues les proies de chasseurs patients et méticuleux qui après quelquefois une ou deux années de confiance à gagner, les ont enfin fait "craquer" et les ont embarquer pour cet "eldorado".

Que serions-nous capables de faire quand au bord de voir ce rêve se réaliser, nous devenons les victimes de bourreaux proxénètes qui nous frappent et nous frappent encore, jusqu'à ce que nous obéissions, jusqu'à ce que nous fassions exactement et seulement ce qu'ils veulent.

Quelle photo pourrait montrer quelque chose de tout ça?

Le théâtre nous montrera quoi?