vendredi 4 avril 2014

LE THEATRE ET LE MIRACLE DE LA VERITE

 Les cycles de la lune remportent chaque jour leur victoire insoutenable. Ne faut-il donc jamais dire le vrai? Tout autour de nous n'est donc que transgression et manipulation? Les épreuves rivalisent sur le terrain de la réalité au point que les questions éternelles de l'intégrité, de l'honnêteté et de la dignité finissent par vous mettre au tapis. Quand une compagnie construit son projet sur ses propres réalisations, elle ne fait donc que tendre le flanc fragile de son corps aux soit-disant amis?

LA BELLE HISTOIRE

" Les Alizés transportent la houle avec fureur.
Le gamin trouvait comique que les gens désirent des miracles, mais qu’une fois confrontés à l’un d’eux ils en soient complètement perturbés. Tout autour de lui les autres avaient pris un soin méticuleux à tout froisser de leurs mains afin de broyer ce qu’ils tentaient de ramener à leur pauvre réalité. Comme si cette apparition les menaçait dans leur certitude de leur propre vie. Le miracle s’en était trouvé déchiqueté à tel point que son existence fut ramenée à un tas de minuscules morceaux éparpillés sur le sol, emportés par d’infinis courants d’air, leur joyeuse et sublime grâce défigurée par les berges boueuses de leurs déchirures. Alors plus rien ne subsista et il remit sur son torse les carapaces de tôle de l’oubli. Ainsi les visions et les échos nocturnes des étoiles s’éteignirent soudain. Le ciel rendit sa présence invisible, la lumière se perdit dans un trou noir, et les rugissements de la foule des commensaux noyèrent les belles chansons, les folles balades sur le sable, et le nom même de Kanumera.

Les pieds dans l'eau, le gamin se laissait aveugler par les reflets luminescents de la lune sur la crête des vagues.

Il entra lentement dans l'eau.  

Il se sentait infiniment blessé par les apparitions miraculeuses qu’il avait découvertes. La vie aurait été plus facile sans elles.