mercredi 20 août 2014

QUAND TU VAS REVENIR, IL Y AURA DES PETALES...

Un arbre de lecture. L'ensemble a pris sa forme. Un arbre de lecture.

CLAN PÊCHEUR

Extrait... la coutume...

LE PÊCHEUR: "C'est ce qui s'est passé la première fois. Il avait les yeux qui lui sortaient de la tête.

- Mets ça sur toi
-  Comment?
- Tu l'attaches comme ça avec les bouts du tissu pour faire un noeud.
- Sur le jean?
- Par dessus ton jean, oui.
- Pour qu'on soit tous habillés pareil?
- Pour pas qu'on voit tes fesses!
- Ah oui, qu'on voit pas mes fesses!
- C'est toi le blanc qui nous a dit qu'il fallait pas vivre nu. Qu'on devait se couvrir. Alors maintenant, couvre-toi!

C'est ce qui s'est passé la première fois. A travers mes yeux. Quand vous aurez fini de lire, vous verrez le monde à travers les yeux de Simon. Et vous aurez le temps de vous écouter, de suivre le rythme et le temps des choses qui s'imposent par leur force naturelle. Le rythme de l'univers et de ses mouvements. Regarder l'eau autour de vous. Ecouter le vent et les scintillements rythmiques des palmes, arpège en continu qui vous éveille la nuit pour vous chuchoter "dors, dors, dors, je suis là". Comme toi ma merveilleuse, quand tu me regardes dormir. Le temps de tout arrêter, pour chanter dans la langue kunié qui roule de toutes ses voyelles. Le temps d'allumer un feu pour brûler le poisson pêché. Le temps quoi.

Oui, le temps de te parler. Le temps de t'écouter raconter. Ecouter ton silence. Le boire comme si je n'avais jamais bu. Ma merveilleuse, ma magnifique, tu m'as tout appris. De moi, de toi, et de tout ce qui vit. Des arbres et des parfums, des mots et des murmures. De la force et du courage. De la femme et de la vie. De l'alcool des fleurs, et du sucre de la mer. Toi, ma femme océan, ma chair gourmande de secrets merveilleux, ma bergère dodue. Ma gardienne de mon amour. Tu es comme Simon, comme Philémon, l'arbre de mes histoires, l'arbre de ma vie. Tu m'as arraché au silence, tu m'as donné la voix, et je t'écris tous les jours pour que le lien se tisse, pour que l'amour se tisse, comme Simon, comme tout le respect qui est le fondement de sa vie. Sans toi, je n'aurais plus rien dit.

Et suit... "

A demain mon île, ma lettre qui flotte et s'échoue sur mon épaule, toi qui veilles sur mes mains, toi qui prends soin de l'invisible douceur qui se glisse entre nous. Comme tu es belle.