jeudi 20 mars 2014

LETTRE DES ÎLES

 Entre les étoiles et les coquillages, entre les dernières nouvelles des îles et une éternité couchée sur sa peau, entre la lumière de son apparition et l'éblouissement de l'attente, entre le balancement hypnotique des jours et la fulgurance du millième de seconde, entre l'écume de la vague et l'horizon déchiré par la brume, notre histoire file son encre et imprime son empreinte sur les tissus jaunes.


Comment ne pas voir partout que le théâtre est dans la lumière, comment ne pas voir que dans la couleur bleue de cette patte de crabe une fenêtre s'ouvre sur le merveilleux, comment ne pas voir dans ces rayures sur une carapace abandonnée un imprimé exceptionnel pour un tissu de Pacamambo, comment ne pas retrouver la couleur du tapis dans les nuances de ces morceaux de corail mort et de coquilles vidées, comment ne pas voir le lien entre Pacamambo et Le Clan Pêcheur quand tout afflue dans le même lit, dans la même scène, sur le même plateau. Partager ces couleurs, cette lumière, mon île, partager ce don que tu me fais de ces rayonnements cosmiques, de ces mots qui se rencontrent au fil des jours, Kanumera, Pacamambo, Kunie, du noir et du blanc, du vert et du rouge, des pierres poreuses aux carapaces vides. Ce bleu est magnifique. Ma merveilleuse, mon poème, ma musique, mon violet, mon émeraude, mon diamant, mon orchidée, me voilà immergé dans la double histoire Pacamambo-Clan Pêcheur, les pieds baignant dans la nôtre, la tête dans la galaxie de nos origines à tous les deux. Grâce et volupté, les mille feuilles de ma mémoire explosent. Bonjour.





La goélette surgit de la brume, derrière sa voile de sable cru, le soleil de l'île flashe un éclair qui grille la rétine et laisse sur son voile une silhouette crépitante qui s'avance sur l'herbe verte d'un matin radieux. C'est toi. Tu es là, je danse, je danse, je danse, je danse....