dimanche 31 août 2014

QUAND LE SOLEIL SE COUCHE...

C'est une chose simple, comme il est seul capable de les formuler.

"Tu vois quand j'arrive à l'île des Pins, je me mets sur le bord de la mer, et je regarde le soleil se coucher. Je le regarde tout le temps qu'il va mettre pour se coucher. Et avec lui, tout ce qu'il y a en moi, de mon coeur, de mon âme, et de tout ce que j'ai fait dans la journée, me revient, je repense à tout ça, et je revois tout ce que j'ai fait de bien et de mal. Je me dis, ah ben là, j'ai fait du bien à lui, et là j'ai fait du bien à eux, et là j'ai fait du mal ici à celui-ci, et le soleil finit par disparaître et il emporte avec lui tout ce bien que j'ai revu. Et puis la nuit est là. Et pendant toute cette nuit, tout ce bien est tout autour de moi. Et puis le soleil revient et se lève, et quand il revient, il revient avec tout le mal que j'ai fait la veille. Et je repense alors uniquement à tout ce mal que j'ai fait. Le bien, lui, pfft, envolé, disparu. Et le mal, lui, me questionne. Je n'ai pas la réponse, mais je me dis qu'il faut que je trouve un moyen de faire mieux aujourd'hui ou de réparer ce que j'ai fait hier, parce que le soleil me rapporte tout ça, et que c'est à moi de me mettre au travail. Je n'ai pas la réponse, mais je me dis ça, qu'il faut que je m'y remette. Voilà, tous les jours, le soleil s'en va avec tout ce bien, et me réveille au matin, avec tout ce mal. Bon, c'est comme ça!"

Et voilà ce qu'est capable de me dire un dimanche soir, Maurice, ce coeur ouvert sur l'homme.

Oui ma merveilleuse, ma magnifique, ma musique, ma chanson, un homme qui s'en remet aux forces de l'univers et qui s'interroge sur ce qu'il a fait chaque jour au soleil couchant, et qui chaque matin s'interroge sur ce qu'il fera pour répondre à ces questions qu'il se pose sur ses propres actes, un poète, un pêcheur, un homme qui semble savoir qui il est, et qui il devient chaque jour, mon île, ma belle île, qui navigue sur l'océan de l'espace, liée jusqu'à mes mains par l'indéfectible certitude d'être tous les deux un seul être d'une même fibre, toi, moi, emportés dans le tissage incessant des distances qui rassemblent et rejoignent les plages douces de nos âmes, nous.