mercredi 23 mars 2011

LES CHANTIERS ENFANTS-ACTEURS

J'interromps pendant quelques lignes l'album photos de la compagnie pour vous parler de ce travail si particulier que nous menons avec les enfants qui ont entre 8 et 12 ans.



AIGUES-MORTES, le Chantier enfants-acteurs de La Nouvelle Cigale, travail d'acteurs et mise en scène, Vanessa Mattioli.

Depuis plusieurs années déjà, Conduite Intérieure met en place une conception bien à elle de ce que doit être un atelier de théâtre en direction des enfants de 8 à 12 ans. Depuis la longue expérience de la semaine sans cartable à Georges Bruguier à Nîmes, et tous les différents ateliers expérimentés le long des résidences, Nous avons élaboré et formulé une "façon" de mettre les enfants sous les yeux et entre les mains des acteurs et metteurs en scène. Vanessa s'y est frottée, et formée depuis 2006.

Les Chantiers enfants-acteurs sont nés de cette conception:
- un texte fort.
- un espace fort.
- une direction d'acteurs rigoureuse et incourtounable.
- des enfants motivés et engagés.
- l'intervention des professionnels de la compagnie, Alexandra, François, Alain et Christian, et les artistes invité par Vanessa, à la mise en scène, pour la musique ou toute autre intervention artistique.

Durant les 10 premiers jours de travail, 6 acteurs ont donc abordé des extraits d'un texte de Daniel Danis: "Sous un ciel de chamaille".

Les voici devant vous. 40 heures de répétition les attendent encore à partir de pâques pour une création qui aura lieu à Saint-Laurent d'Aigouze le 18 mai prochain, lors de notre résidence "Vivons le théâtre en petite camargue".







AU THEATRE 32, quartier de Nîmes, au Chemin-Bas-d'Avignon.

Du lundi 28 février au vendredi 11 mars un groupe d'enfants invités et venant des classes de CM2 des écoles Georges Bruguier et Jean Moulin au Chemin-Bas d'Avignon, se sont rencontrés autour d'un travail de théâtre qui devait sélectionner 9 filles et garçons pour la distribution dans une prochaine création des enfants-acteurs de Conduite Intérieure: d'après "Sa majesté des mouches" un roman de William Golding.

De 17 enfants, le groupe est passé à 9, puis 5, puis 4.

Comment peut se faire une telle sélection? Selon quelles règles?

Dans les premiers jours, bien qu'avertis, les enfants ne comprennent pas toujours la proposition. Un mot ouvert aux parents, explicatif et récapitulant les assurances de sécurité et de responsabilité, n'éclaire pas toujours tout le monde. Certains y voient une activité comme une autre. D'autres un prétexte à retrouver des copains ou des copines et "faire les 400 coups". D'autres encore n'ont pas pris la mesure du travail qu'on va leur demander.
Une première sélection naturelle se fait donc selon ces réactions et surprises.

Une autre également présente admet que l'on puisse exclure certains qui ne se comportent pas avec la concentration, l'engagement et le respect que nous souhaitons. Nous leur demandons donc de rester chez eux.

La découverte du texte, de l'histoire, des rôles et de l'importance de ces rôles est une autre phase. Comprendre que l'on peut se régaler sans jouer le premier rôle, c'est une étape. C'est accepter de lire entre les lignes et découvrir que l'on joue aussi, et peut-être parfois surtout lorsqu'on ne parle pas.

Ensuite une première distribution peut confirmer certains dans leurs choix ou les faire disparaître purement et simplement. Oui il y a du travail personnel à faire de jour en jour, oui il faut le faire sinon ... sinon on ne peut pas avancer. Et on pénalise les partenaires, les autres enfants.

De 7 il n'en est resté que 4. Des bonnes puisque il n'y a que des filles. En ces quatre derniers jours elles ont répété, et appris 23 pages du premier bout de texte. Bien distribuées, elles commençaient à "interpréter" leur personnage, à lui donner une vie propre à leur personnalité. Elles en ont rêvé la nuit.

Bon travail, la prochaine étape autour de Pâques pour continuer la distribution, la constitution de l'équipe. C'est le moment délicat et le plus important. Un seul élément qui n'est pas à sa place peut faire capoter un projet.

A suivre donc pour une nouvelle aventure, en 2011 ou 2012.

lundi 21 mars 2011

ALEXANDRA COSTUMIERE

Le costume au théâtre est une histoire délicate, sensible et "majeure". Pour les acteurs, femmes et hommes, tout ce que nous portons sur scène est intimement lié à une histoire qui nous concerne dans notre conscient et dans notre inconscient. Pour la plupart nous nous mettons volontairement sous les yeux d'un public pour raconter quelque chose avec notre corps. Même s'il y a des mots, notre corps est en avant de nous-mêmes. Il parle avant nous, bien avant nous. Et ce que nous mettons sur ce corps, le nôtre, est d'une telle importance que cette chose peut détourner notre parole, le sens de notre parole, celle du corps et celle du texte. Quand nous nous avançons vers le spectateur nous venons mains ouvertes, fragiles, vulnérables, avec nos failles et nos doutes. Le costume doit être notre allié. Grâce à lui nous venons forts, déterminés, sûrs, confiants, donc généreux.

J'ai rencontré Alexandra quand Elsa qui la précédait a trouvé un poste permanent à l'opéra d'Avignon. Alexandra est entrée dans Conduite avec fermeté et discrétion, avec professionnalisme et sensibilité. Avec déjà beaucoup d'expérience, elle est venue pour "Electre boulevard Chemin-Bas", un texte que j'ai écrit pour les filles du quartier qui étaient encore soumises pour certaines, à la peur du mariage forcé.
Un spectacle mêlant amateurs et professionnels.

Une belle aventure car tous ceux qui y ont participé étaient tellement différents les uns des autres.

Mais donc pour Alexandra une première avec nous qui lui a donné tous les ingrédients de Conduite.

Depuis elle est là près de nous. Elle participe aux plus belles comme aux plus lointaines aventures.

Je suis sûr aujourd'hui de ne pas aimer faire création de tout. Le costume n'est pas l'occasion de faire du costumier un "designer", un Lacroix ou autre chose comme ça.

Ce costume doit servir le texte dans les choix de la représentation et l'acteur dans ce qu'il est directement sur sa peau et qu'il doit jouer avec lui. Un costume qui fait mal, un costume qui glisse, qui est mal taillé, gêne et blesse.

Alexandra, aussi habilleuse dans d'autres compagnies et théâtres sait ajuster au plus près du corps des acteurs tout ce que nous devons porter. Elle lit les textes comme une femme de théâtre, en dramaturge, en poète. Tout le travail dramaturgique une fois fait, elle sait aussi dresser les listes interminables des accessoires et des costumes, de ceux que le texte propose de faire apparaître ou pas.

Ce travail laborieux, parce qu'elle doit coudre aussi, parce qu'elle doit chercher des lunettes, des foulards, ou les fabriquer, ce labeur qui l'oblige à aller d'une boutique à une autre, Alexandra le fait sans effort apparent.

Alexandra sait créer un personnage sans que la création "écrase" l'acteur. Elle sait poser les vêtements, les accessoires et reconnaitre quand une idée est une fausse bonne idée, ou bien une vraie idée, persévérer dans le choix ou faire volte-face.

J'adore travailler avec elle. Elle s'entend bien avec François le scènographe et Philippe l'éclairagiste, avec Alain, avec Charles, avec les comédiens. Oui tout ça c'est important pour qu'au bout de notre travail qui nous demande et nous prend tant de nous-mêmes, nous soyons tous satisfaits de ce que nous avons fait.

Et ça nous arrive souvent. Un vrai grand plaisir d'être avec toi Alexandra. De travailler et regarder les acteurs travailler. Et puis de vivre avec toi ce théâtre qui nous rend toute sa poésie parfois avec tant de grâce qu'on croit voler au-dessus du plateau.