mardi 26 août 2014

ELLE: QUAND JE T'ATTENDS...



CLAN PÊCHEUR


Extrait...




 SIMON: Laisse faire le temps...
ELLE: Tout ce flot volumineux qui s'échappe...
SIMON: Laisse le faire...
ELLE: Cette cascade ...
SIMON: Laisse le faire... le temps...
ELLE: Oh ce mot, le temps...
Me coller contre lui, le laisser m’envahir,
Pour se débarrasser des mouvements poivrés qu’il doit faire sans moi?
Il faut vider les secondes où je m’allonge sans lui?
Il faut vider les paupières quand j’ouvre les yeux sans lui?
Entrer dans le devant de mon être et l’habiter sans lui?
Vider l’esprit de son existence?
Vider l’esprit du bruissement de son existence en moi?
Laisser mon esprit s’échapper de ma propre existence?
Voyager jusqu’à son infime respiration,
Plonger dans le secret de l’œil qui l’enveloppe?
Nager jusqu’à l’eau de la baie,
Ouvrir les bras, les jambes?
Inspirer le sel, et le sucre de l’océan,
Combler la distance entre les horizons?
Me projeter en un, en deux, en mille fronts de nuages gonflés,
Galoper les doigts posés sur les liens de sa crinière,
Défaire les pierres enroulées dans ses nattes,
Tisser les ponts, les rivières, les arbres,
Vivre, vivre, vivre ces instants fatigués que ses gestes construisent?
Entrer dans le feuillage frissonnant de son souffle.
M’y blottir exactement.
M’y blottir exactement!
Oh, m'y tenir exactement,
Me tenir sur le vivant!
Retenir exactement ce lui en moi, être dans lui, y être moi.
SIMON: ... laisse le faire... ce que tu vis nous fait vivre... tu le vivras... tu nous emporteras...