Inventer inventer inventer
Impossible photo que celle du
vide. Pourtant ; regarde sur l’écran de ton imagination. L’image d’un
espace où les enfants se serrent les uns contre les autres, tu en fais le tour
au sol avec un bâton dans le sable, et puis lorsqu’ils éclatent le groupe, et
partent dans toutes les directions, tu vois de quoi est fait l’espace qui les
sépare, ou qui les repousse. Energie ? Matière ? Univers ? De
quoi est donc fait ce vide ? De sentiment. D’âme. D’émotion. De quelque
chose qu’on ne soupçonnait pas et qui vient d’être créé.
Alors tu traces au sol un espace
nouveau qui s’est agrandi. Les enfants ont-ils changé ? Ce sont les
mêmes, mais ailleurs.
Et tout en travaillant avec eux,
l’esprit erre à fleur de peau. La peau. Ta. Celle qui change de couleur, qui
envoie et reçoit, qui se souvient, qui retrouve et découvre, qui tremble, qui
se tend, se hérisse, ondule et se ride, frissonne, s’ouvre, boit, s’humecte,
voit et entend, celle qui envoie des fleurs et des mots et des sourires et des souvenirs et des rêves et des odeurs et du chaud et du froid. La peau. Celle qui nous tient tout en elle. Tu la vois ? Deux
peaux qui se frôlent ?
L’espace qui nous sépare, de ta
peau à ma peau, a-t-il donné naissance à ce Boum Boum, à ce puissant poème, à
cette symphonie, cet opéra? Tu l’entends ? Oui. Bien sûr.
Les cosmologues disent matière
noire, énergie noire pour l’univers. Ils disent aussi qu’au plus la distance augmente,
au plus les étoiles se régénèrent, au plus le vide est non nul. La poésie de la
mathématique. Merveilleuse. Ma. Tu vois ce beau poème qui s’écrit tandis que
des enfants définissent l’espace d’une histoire ?
On va l’écrire comme ça ce
spectacle. Qu’est-ce c’est que cette peau qui fait tant parler d’elle ?
Moi ? Toi ? Qui d’autre ?
Ecrivez votre peau. Jouez la.
A demain...