lundi 24 février 2014

LA TORTUE DE PACAMAMBO

Mon île, je retrouve ta trace au fil de tous les spectacles. La trace de ton sommeil dans "Train de Nuit pour Bolina" que je retrouverai encore dans Pacamambo. Ta trace des nattes tressées que je retrouverai dans Pacamambo. Pacamambo. Ce pays où je vais, où nous allons bientôt nous immerger comme dans une énorme vague qui nous recouvrira pour ouvrir le tiroir des secrets de cette création. L'impatience grésille dans mes oreilles. L'impatience sourit devant mes yeux.

"Quand le gamin est arrivé dans le village flottant des gitans de la mer, les portes sont restées closes. Quelque chose n'allait pas avec la lettre que Capitaine Sauvage lui avait donnée. Tout était si petit, si étroit qu'il fut vite de trop sur ce pont flottant. Aucune fenêtre ne s'ouvrait. Et pourtant elle est là. Tous ces battants fermés le prouvent bien. Elle est là. Prisonnière? Si c'est ça ma rage sera énorme. Il voyait les bandes de tissu chinois s'accumuler les unes sur les autres, dans le fond d'une pièce qui semblait être l'atelier. Des dizaines de "petites mains" s'agitaient toutes ensembles. Il força la porte et fut accueilli par des cris de terreur et un désordre soudain qui le paralysa."



 Oui les emblèmes voyagent d'un spectacle à l'autre. Il est juste que les tortues, les palmes de cocotiers et les panneaux tressés se retrouvent dans Pacamambo. Ils seront là aussi dans Le Clan Pêcheur. J'aime laisser trainer dans un coin de la scène le symbole marquant d'une autre création. Les tableaux se frottent les uns aux autres et les étincelles jaillissent. Un feu nouveau bientôt nous habitera..



Mon île, ma Merveilleuse, ma Guitare, ma chanson, ma précoce, mon printemps, ma prémisse, ma brise légère dans l'odeur de la mer, ma plage, ma coutume, ma tribu, mon clan, mon chez moi, ma bouche, mon oxygène, mon air, mon poème. Jamais l'amour ne m'avait semblé exister, là, avec moi dans mon sang, avec une telle évidence, une telle force, une telle explosion que mon esprit soudain s'est décomposé, a éclaté en mille morceaux de papier avec une telle précision dans ma mémoire que la mort m'est apparue si proche et si douce, comme une renaissance.