vendredi 24 janvier 2014

ECRIRE LE TEXTE DU CLAN PECHEUR EN DIRECT


Mon île, mon salut à la terre, mon magma en fusion, ma passion, mon fleuve et ma rive, mon océan, mon théâtre, regarde, à travers le hublot du Betico, juste sous la croix de St André, ma petite tortue a sorti la tête, elle me regarde et replonge et vient vers le bateau. "Tu t'en vas?" me dit-elle, "Tu quittes l'île des Pins?", "Tu pleures?" elle plonge et nage et quand elle tourne à nouveau sa jolie tête vers moi elle a un grand sourire, "Je viens avec toi, je viens, où que tu ailles je serai toujours là."




EPILOGUE DU CLAN PECHEUR

CAPITAINE SAUVAGE

"Oui, je pleure et mes larmes se fondent dans la houle qui frappe le hublot. Mais j'ai dans les yeux ton sourire et tes larmes. On dit que les tortues ne pleurent jamais. Je pars et ne pars pas. Les îles sont faites de ces questionnements inlassables. Celui qui part ne reviendra peut-être jamais. Les larmes de mon île cachent ma tortue qui nage vers moi. Je reviendrai. Je suis là. Je reviendrai. L'histoire ne finira jamais. Elle a commencé il y a 65 millions d'année, elle a tant d'épisodes, tant de chapitres, tant de feuilles et de langues pour la raconter, que nous n'aurons jamais le temps de tout nous dire, mais que nous jacasserons tous les deux sans fatigue sans fin, avec cet élan, ce plaisir et ce besoin qui nous caractérise quand nous nous retrouvons. Ce que j'ai vu ici, ce que j'ai entendu, ce que j'ai vécu ne ressemble à aucune autre vie. Je ne savais pas que cette vie existait. Je ne savais pas quand je venais vers elle qu'elle me transformerait à ce point. Je ne savais pas que je pouvais atteindre à cette perfection de l'existence. Oui c'est elle qui m'a léché de son océan de douceur, qui m'a effleuré de ses mèches et a fait de moi le prince de ce pays inconnu, celui de notre identité, celui de notre fusion, ce pays où je suis toi où tu es moi, où ne faisons qu'un. " 



Il y a à Nouméa un bar, sur le port, qui s'appelle "Le bout du monde". Toute l'île des Pins avait pris le Betico ce soir-là pour aller écouter le groupe de John, "Libéral", qui jouait sur la terrasse. Alors l'île des Pins dansait. Tous ces beaux visages souriaient et nous buvions à la joie, au plaisir d'envahir le temps tous ensemble. Mon île, dansons comme nous savons le faire tous les deux, l'un à côté de l'autre, l'un devant l'autre, l'un sur l'autre, tous les deux envahis par la houle du cosmos, le bonheur à l'état pur, dansons, dansons, dansons, dansons.

A demain