mardi 7 septembre 2010

ULTIMA






Dernier jour et bon boulot.
L'ensemble se porte bien. Disons que tous les éléments humains sont programmés pour arriver demain à 10h au bon endroit et au même moment, tous ensemble.
C'est un plaisir.

Tout ce que j'aime était présent. La pression. La concentration. L'écoute. Les éléments que chacun devait apporter. Quelques accessoires costumes pour signifier!

Ce qu'on s'est dit?

Le contrat que nous avons passé est tenu. Nous avons réussi. Réussi cette première étape.

Demain c'est autre chose. Notre petite troupe peut être fière. Et heureuse. Contente de ce qu'elle a fait en quelques sept matinées de 3h environ. Merci à l'école, à John et soeur Katalina.
Merci à Julien, Déborah, Rachel, Oliver, Lucinda, Jordan, Narcisse, Samantha, et Andréa.

A demain vous autres.

lundi 6 septembre 2010

LE TRAVAIL







C'est l'atmosphère qui régnait aujourd'hui. Un travail qui porte ses fruits. La cohérence et la structure du jeu des enfants se met en place et s'enracine. Le terme est proche pour nous. La restitution des matinées passées ensemble vaut le coup. Ils progressent et s'endurcissent de jour en jour. La concentration est là. La mémoire fait son oeuvre. Tous ont bien travaillé ce week-end malgré des activités très fournies pour eux et leur professeur.

Hier au soir un super moment avec des musiciens du groupe Libéral dans lequel jouent John et Aude. Longue discussion qui traîne tard (22h maxi!). Mais de beaux échanges pour faire connaissance. Parler du monde d'aujourd'hui. De celui de demain.

J'ai revu dans l'après-midi quelques plus petits de CE2. Une deuxième séance a été très enrichissante il me semble. Plus disponibles. Plus à l'écoute. Plus curieux. Une concentration encore fragile, mais quels progrès. Conséquents!

Plus que deux jours.

Ce n'est pas une fin qui nous attend. C'est un ressort. Un moment, une épreuve qui va nous propulser très loin vers l'avenir.

A demain.

dimanche 5 septembre 2010

LE PIN DE KUNIE




Il est là depuis 250 millions d'année. Son histoire vous pouvez la suivre sur le site de la Nouvelle-Calédonie. Le pin colonnaire est le symbôle de l'île des pins. Il est planté autour de la case du chef et représente son autorité et sa virilité.

C'est une promenade dans l'histoire. Les mélanésiens creusent leur pirogue dans le tronc de ce pin.

On le voit partout sur l'île. Il peut atteindre jusqu'à 50m de haut. Dans les anecdotes à ce propos le navigateur Cook et son équipage se sont disputés l'identité de ce qu'il voyait depuis leur bateau. Certains soutenaient que c'était un arbre, d'autres que c'était une colonne basaltique.

Pour revenir au travail avec la petite troupe d'enfants de Kunie, nous avons fait vendredi un premier bout à bout de ce que nous avons pu mettre en scène. C'est assez impressionnant vu le peu de temps que nous avons eu, et vu qu'ils n'ont jamais joué de leur vie. Il leur faut tout apprendre en 5 jours!!! 3h par jour!

Demain lundi essai des costumes et bout à bout sans texte à la main! En fin de matinée premier filage sur le lieu où nous jouerons.

Mardi, filages, filages, détail, détail, filages, filages ...

A force d'en parler à tout les gens qu'on rencontre j'ai peur qu'il y ait beaucoup trop de monde. On verra bien.

Jeudi, j'ai passé quelques temps à faire des allers/retours en stop entre Nataiwatch et le centre de Vao. Très intéressant les rencontres. En plus ça marche tout seul, la première voiture s'arrête tout de suite. Et à force de dire qui je suis et ce que je fais ici, il m'a sauté aux yeux que j'aurais dû parcourir l'île en stop pendant au moins une semaine. J'aurais peut-être pu rencontrer presque tous les habitants!!!

Mais c'est trop tard aujourd'hui;

A vous le tour d'un petit bout de l'île.

A demain.

DIMANCHE MATIN




Retour de pêche.

Et une anecdote. Des nouveaux arrivés à Nataiwatch, deux hommes, dont l'un d'eux, après que Guillaume m'ait présenté comme faisant du théâtre, m'a dit avoir participé à la première de "ROBINSON" en 1970 de la troupe "Le grand magic circus", dirigée par Jérôme Savary. Troupe qui a révolutionné l'espace du théâtre en france et en europe. Il était celui qui jetait les poulets. Difficile de vous expliquer en détail, mais j'étais à cette même première au théâtre de la Cité Universitaire à Paris.

Marrant non?

VENDREDI




"Brader ses démons" c'est une pièce écrite par Boyan Papazov, bulgare qui, après un travail qu'il poursuit depuis plusieurs années, tente de témoigner de l'évolution du sort des roms! D'actualité non?

J'en parle ici parce que la "langue" qu'il prête à ses personnages a subi des transformations au cours des voyages dans toute l'europe.
Quel est l'avenir de cette langue? Quel est l'avenir des roms?

Sans faire d'amalgame ou de comparaison, c'est intéressant d'imaginer comment l'auteur prévoit l'europe de demain. Les tziganes envahissant les champs Elysées avec des milliers de caravanes. Les ukrainiens envahissant Berlin, les cosaques à Milan, etc.
Nous n'avons pas idée de ce que sera l'europe de demain.
Bon, voilà juste cette petite digression parce que le langage utilisé par les personnages de la pièce est fait d'un tissage, d'un grillage d'expressions empruntées à toutes les langues européennes.

Mais, revenons ...

Et la langue a été le sujet prioritaire d'une réunion à laquelle John et Guillaume m'ont invité. Une belle réunion. Que va devenir le kunié? Tous les participants ont formé un "noyau" qui travaille à l'écriture du kunié et à sa mise en place au sein de l'académie des langues kanaks.
Un projet qui se réalise pour oeuvrer à l'avenir de cette langue. Peut-être que le théâtre pourra devenir un outil de transmission et d'archivage des étapes qu'elle suit.

Une belle et agréable rencontre, Firmin, Eugénie, Olga, Sidonie, Marie jeanne, Guillaume, John, des femmes et des hommes qui préparent l'avenir de leurs enfants. En respectant la coutume, la présentation au grand chef du projet et l'invitation aux anciens à siéger avec eux dans le conseil des sages et à travailler par commission à la structuration de l'écriture et de l'archivage de ces textes qui vont s'écrire. La tenue d'un lexique pour le vocabulaire et le lieu où l'on pourra lire tout ce travail, l'académie des langues kanaks.

A plus tard.

BRADER SES DEMONS





Les rencontres continuent même si elles se font lentement. La réunion programmée jeudi soir par John m'a permis de faire la connaissance d'Angèle. Jeune, déjà dans un flux proche du théâtre et en plus elle écrit. Comme dans les Corbières, sur l'île des pins les habitants découvrent que ce sont toujours les mêmes qu'ils rencontrent aux réunions. Curiosité, sens de l'opportunité, saisir les occasions, imaginer l'utilité pour Kunie, adapter les propositions faites ... Toujours les mêmes qui sont là. Ces deux trois jours m'ont permis d'assister à au moins deux réunions importantes. Sur le théâtre et sur la langue.

Avant d'aller plus loin, il faut imaginer que l'obstacle principal à toute initiative, c'est la réalité de l'île. Il faut venir sur l'île. En bateau ou en avion. Et ça coûte cher. Seuls les résidents qui peuvent présenter une carte de résident ont droit à une réduction. Les kuniés qui habitent et travaillent sur Nouméa (par exemple) et n'ont plus d'adresse sur Kunie ne pourront prétendre à cette réduction.

Si l'on imagine que l'école primaire met en place une classe PAC, le budget pour l'intervenant sera "amputé" du coût des déplacements. Déjà que ces budgets sont étriqués, à l'arrivée il ne reste plus grand-chose pour le salaire du comédien. Cette situation est un véritable problème.

Mais bien sûr les kuniés y sont habitués. Ils ont l'habitude de gérer cette particularité. Le théâtre de l'Ile qui est la scène conventionnée à Nouméa, structure bien française a une chargée de mission attachée aux relations avec les établissements scolaires. Il y a aussi une DAC comme une Drac qui donne des agréments aux intervenants. Mais les îles qui sont autour de la Grande Terre vivent avec ce handicap du coût de l'avion ou du bateau.
Alors comment imaginer la suite. Que feraient les responsables s'il y avait une véritable demande venant des établissements scolaires et des habitants? A mon avis sous une pression représentative, ils trouveraient des solutions. Peut-être n'ont-ils jamais imaginé qu'il pourrait y avoir une telle demande!!!
Après mon départ si l'école a envie de mettre en place une activité théâtre, quelles possibilités auront-ils? Quelles aides et de qui?
Question.

Quant à "brader ses démons" j'y reviendrai demain.

mercredi 1 septembre 2010

NATAIWATCH












Le lieu de paix où tout se passe.
C'est un endroit magique où les oiseaux sont vert fluo, avec un oeil noir dans un iris blanc, et qui se jettent sur toute miette égarée ou soulevée par le vent qui vient de Kanumera. C'est l'endroit que Guillaume et Lalie ont construit ensemble depuis trente ans. La maison familiale, la réception, le restaurant, les bungalows. "Mon" bungalow Koin-Né. C'est le plus beau, bien sûr. Un petit faré où je peux travailler connecté à n'importe quelle heure. A l'intérieur le strict nécessaire mais avec ce goût de l'accueil et de l'hospitalité que Lalie privilégie avec toute sa finesse et son intelligence.
Je pars. Je reviens. Je vais, je viens. Les yeux des membres du personnel et des usagers de l'école primaire et du collège se sont habitués à moi. Tout le monde dit bonjour, se dit bonjour. L'entrainement des enfants commence à porter ses fruits. Le diaphragme, le regard, la projection de la voix, la précision, tout commence à rentrer. On a fini ce matin une premiere mise en place de chaque scène. J'ai rajouté des personnages, réécrit des scènes tout à fait nouvelles, des danses et des musiques.
Demain les croquis des costumes. Voilà un moment qui va "donner". Je dois dire que tout sera possible à partir du Kunié Joseph qui revient de métropole, et des femmes et des hommes et des enfants de l'île dans leurs vêtements traditionnels sans être forcément les costumes des danseurs traditionnels. A "harmoniser!!!

Demain soir réunion en mairie pour le projet général d'écriture et de montage concernant l'avenir. Nouveaux contacts, nouvelles idées! Ici ils ont le temps, nous on a les montres (les métros). Expression qui les fait tous beaucoup rire.

Je me suis habitué à ce rythme. J'aime ce rythme il me va bien.

Retourner vers Nouméa sera déjà un arrachement. On s'attache à ces enfants. Et il y a tellement rien en théâtre que leur demande est forte.
Retourner vers la métropole ... !!! Dur ...

Et voilà l'endroit où le sommeil est si bon. Dodo ... A demain ...