mercredi 12 août 2015

SURPRISE..

EXTRAIT




- Je ne veux pas que la vie m’attache quelque part.
- Pourquoi tu te sentirais attaché ?
- Ni à quelqu’un d’ailleurs.
- Personne ne t’attache que je sache.
- Je ne me sens pas attaché, je suis attaché.
- C’est bien quelque chose qui te retient.
- Justement, quelque chose et quelqu’un, et les gens aussi, les gens autour de moi.
- A ton âge tu ne peux pas aller bien loin.
- Je m’en fous de mon âge. Si tu crois que c’est ça, tu te trompes.
- Oui mais si tu étais plus vieux, tu ne dirais pas ça.
- Ah non ? Et qu’est-ce que je dirais ?
- Que tu es heureux d’être avec eux, avec ces gens, avec ta famille quoi.
- Le bonheur rend les gens stériles.
- Qu’est-ce que tu racontes, je croyais que tu aimais au moins tes parents.
- Stériles et emmerdants.
- … ha…
- Pourquoi tu ris ?
- Je ne ris pas, je ris jaune.
- Tu ne me crois pas.
- Comment es-tu devenu aussi cynique ?
- Tu vois bien.
- Non justement j’ai du mal à comprendre.
- Tu m’as retrouvé parce que tu sais ce que j’aime. Et ce que je cherche.
- Peut-être ou c’est le hasard qui a fait que je me suis souvenu de ta cachette.
- Tu vois bien.
- Arrête de répéter ça à tout bout de champ, non justement je ne te comprends pas.
- Je préfère disparaître de cette vie, c’est tout.
- Comment ça disparaître, changer de vie tu veux dire ?
- De tout, de vie, de nom, de pays, d’habitudes, de tout quoi.
- De tête aussi.
- Ça je m’en fous.
- Mais pourquoi est-ce que tu en veux autant à tous ces gens proches de toi.
- C’est pas eux, c’est moi… je suis quelqu’un d’autre et je n’arrive pas à être ce quelqu’un d’autre avec ces gens qui veulent que je sois comme je suis ici, enfin bref, c’est compliqué, mais tu comprends ou pas ?
- J’en sais rien.
- Alors qu’est-ce qu’on fait ?
- Je crois comprendre mais je ne vois pas ce que je peux faire.
- Ne fais rien, et laisse-moi y réfléchir et décider tout seul.
- Oui mais à ton âge quand même.
- Tu n’as qu’à faire comme si j’étais plus vieux.
- Tu en as l’air, vraiment, là, tout de suite.
- Alors fais le pour ça ou pour toi. Au moins une fois, fais ce que tu veux vraiment et pas ce que les autres veulent.
- Comment tu peux savoir que je veux vraiment oublier que je t’ai retrouvé ?
- Parce que ça ne sert à rien de me retrouver, je vais me perdre encore aussitôt.
- Je ne te reverrai pas ?
- Non.
- Ça fait peur quand même.
- Parce que tu le sais.
- Oui mais quand même.
- Si tu ne le savais pas ça ne te ferait pas peur.
- Tu veux que je me mente ?
- Non, que justement tu te racontes la véritable histoire.
- La vérité c'est que j'ai la trouille d'avoir à mentir aux autres.
- Justement, dis-leur la vérité, tu as bien vu quelqu'un, mais ce n'était pas celui que tu cherchais.
- Quand je mens ça se voit sur mon visage.
- Pas un mensonge, regarde-moi, tu m'as déjà vu comme je suis là devant toi?
- Non.
- Tu vois bien. C'est bien ça la véritable histoire.
- Je la connais cette histoire ?
- Oui, c’est celle où tu me fiches la paix et où tu me laisses agir comme je juge juste et bon de le faire, sans te mêler de ma vie.
- ...mais...
- Et je te plante là. Il a sauté de l'arbre.

- L'autre a reculé, effrayé du geste et du mouvement, des paroles entendues, et du garçon qu'il n'avait pas reconnu. Oui, ce n'était pas le même. Il n'aurait pas à mentir. 
- Il a sauté de l'arbre et s'est mis à marcher droit devant lui, les mains dans les poches de son blouson. La mer était douce, le sable aussi. Il avait faim, mais savait qu'un poisson sur un feu l'attendait, derrière la brousse humide encore de l'averse qui était tombée. Elle était déjà là. Elle était arrivée par surprise. Elle avait dit "Bonjour, c'est moi". Et tout avait changé autour d'eux. Il la voyait qui l'attendait. Elle le suivait des yeux tout le long de la plage. Elle était là. Il n'y avait plus que ça qui comptait pour eux. Être ensemble. A leur âge, qu'est-ce qu'on s'en fout de l'âge, être ensemble, pas besoin d'autre chose. Quand ils se sont enfin trouvés... depuis qu'ils s'attendaient.




A demain...