dimanche 2 février 2014

RESSORT THEATRE SCENE ... MILIEU DE MON MONDE

Mon île, ma tortue, ma moitié, mon âme, ma chaleur, mon sang, ma merveilleuse, ma musique, autour de moi le jour est comme la nuit, l'alcool est comme la glace, mes pieds se posent dans le vent, mes mains inutiles pendent en larmes, le soleil ne vient pas jusqu'à moi, mon bateau, vent debout, recule, se soumet au courant et m'éloigne du bord, le feu ralentit son souffle... 


 SCENE...


LUI: Je suis assis juste au bord de la terre. 
J'attends.
J'écoute.
Je regarde vers la place du clan, je vois la baie et la frange de l'eau. Je vois où la mer va et vient.

 LA FEMME BLANCHE: Ca fait des heures que tu es là immobile, comme ça, en apnée, là, pas un bout de doigt qui bouge, pas un geste. Tu ne fais plus rien.

LUI: J'écoute. Je vois l'endroit où la mer va et vient. Je vois les sentinelles qui la protègent. Je vois les premiers gestes que j'ai faits vers lui. Le Bonjour, les premiers mots que j'ai murmurés, les pieds sur le seuil de leur terre, tout près de leur maison.

LA FEMME BLANCHE: Tu ne fais plus rien. Tu es tout entier prisonnier de ton rêve. Ouvre les yeux sur le réel. Reste à ta place. Tu n'es pas de leur tribu. Tu ne fais pas partie de leur clan. Tu es des nôtres. Tu es un blanc.




 LUI: Leur premier ancêtre était le clan pêcheur et de la Terre. Avec leur nom qui est une façon de dire "homme" et une façon de dire" étendue d'algues dans la mer, celles que mangent les tortues et les Mékouas". C'est le clan de la Terre et de la Mer.







LUI: C'est leur histoire. C'est son histoire. Et c'est à moi qu'il l'a confiée!


Mon île, ma beauté voyageuse, ma comète aux cheveux de feu, mon étoile, ma lune, mon horloge céleste, mon fil du temps, mon geste, mon bonjour, mon tabac, mon élan, mon corps se décompose, tout mon être est concentré en cet endroit tout au bout de moi, en cet endroit tout au fond de toi, en cet endroit où je commence, en cet endroit où je finis, en cet endroit où tu commences, en cet endroit où tu finis, et soudain tout s'élève, et je vole, je vole, je vole, et tu voles, et tu voles, et tu voles, et nous voilà dans ces lieux insoupçonnés, dans ces souffles mystérieux où ni toi ni moi ne sommes allés, dans ces paysages où plus rien ne nous connait, où nous ne reconnaissons rien, tous les deux sans bagages et absolument neufs.Sentinelles de la mer, gardiens tous les deux de notre histoire. 




A demain