lundi 16 décembre 2013

CHANTIER-ACTEURS : RESISTANCE(S) - ou - SUR LE GUIDON DE JEAN


Massac, 13, 14, et 15 décembre

A toi mon île je donne tout, 

Lettre blanche, lettre ouverte, lettre à vous, lettre à tous, lettre à toi à qui je parle, lettre à toi à qui j'écris... lettre à écrire à la main, lettre à laisser de l'encre suivre les traces des éphémères, lettre à tenter d'arrêter le temps ... lundi, mardi, lundi, mardi, lundi, mardi, lundi, mardi, lundi, mardi, lundi, mardi... 


  Un pas de plus sur cette plage rouge.
 
 Un pas, le pied nu, sur le miroir du tapis noir. Un pas et le tourbillon s'empare des corps, les armes du papier deviennent tranchantes, les mots se transforment en obus, les sourires disparaissent.

C'était un moment inoubliable. Ce chantier est le plus beau.

De ces beautés qui vous transportent hors de tout et vous laissent les cicatrices de la flamme qui vous a touchés, de cette passion qui a animé nos acteurs et les a sublimés.


 Ma merveilleuse, ma magnifique, ma muse, ma caravane, mon poème, ma guitare, tu t'es levée, tu t'es plantée sur le miroir des illusions, tu as ouvert tes yeux sur le monde qui s'ouvrait, tu as pris les lettres écrites que le gamin te tendait, et tu les a lues, tu as laissé se dérouler le fil du silence qu'il retenait, et ta voix s'est élevée ...

 Ils ont chanté tous ensemble, ils ont dansé, ils ont tremblé, ils ont pris l'espace et la parole, et la magie était avec eux. Une chaise pour chaque spectateur, pas une de plus, chaque soir, et trois représentations à Massac dans un seul week-end ne feront plus peur à personne. Dernières pièces de Vivons le Théâtre 2013, ce n'était que du bonheur, même si les larmes étaient tout au bord des yeux.

 Si je savais jouer du saxophone je lancerais un son déchirant, expirant avec lui, pour mourir avec lui.

La beauté des instants se cache dans l'exception. Si ce chantier est le plus beau c'est qu'il a fait naître des idées, des désirs, qu'il a soulevé les traces des limites et les a portées bien au-delà des certitudes. 

"Je veux vivre encore" a dit le chantier. De quelle vie, et pour grandir où? "Peu importe a-t-il répondu, je suis vivant, je ne laisserai personne m'enlever ce souffle, cette passion, cette énergie qui m'a envahi."

A toi mon île, qui était là penchée sur mon épaule pendant tout ce temps, toi qui me murmurait les poèmes de tes vagues qui te font et te défont, toi qui faisait glisser ta douceur comme un souffle dans mon souffle, qui laissait tes doigts effleurer les images qui m'envahissent quand on répète, toi mon lézard, ma tortue, ma musique, ma merveilleuse, toi qui vient te blottir contre moi la nuit pour m'offrir tes rêves, mes rêves, et les regarder s'accomplir, toi qui sais que nous avons devant nous l'éternité, toi qui sais que si nous avons attendu 65 millions d'années pour regarder l'océan ensemble du bout de notre plage, Kanumera,  - "ce qui vient du dessous de l'amour" - toi qui sais que les tortues jaunes dorment enveloppées dans le parfum des petits nuages, tu sais que tu me murmures aujourd'hui les projets de demain. 


Oui, notre troupe ouvre sa porte à trois nouveaux acteurs. Oui les projets affluent. Oui l'enthousiasme m'a soulevé.

 

Tout contribue à ce renouveau. 

La beauté de ce Chantier aussi. 


 Beauté des visages, beauté des phrases, beauté des fragiles maladresses, beauté des silences, ...

Souviens-toi c'était un chemin dans une terre d'automne, c'était un chemin sous un soleil d'automne, mon automne ton printemps, ton automne mon printemps, nos saisons se sont oubliées et des passants nous ont surpris de loin, deux âmes seules sur ce chemin qui se tenaient la main. Ils se sont arrêtés, ils nous ont regardés un long moment, et puis sont repartis. Ce chemin nous appartient. La route devant nous, nous appartient.


Beauté des choses impossibles, beauté des mots écrits pour ne pas être dits. le silence.

Ces trois soirées ont été de belles soirées.

Ces trois journées ont été de belles journées.

Gelsomina, La Bataille, la fin de Vivons le Théâtre, 

le blues a compté 3... 4... et la musique a lancé son cri déchirant...

A demain