jeudi 29 août 2013

POUVOIR GARDER LES YEUX OUVERTS




Ma merveilleuse, ma plage, ma mer, ma vague, mon amour, mon poisson, mon île, mon étoile, mon histoire, petite fleur, mon étincelle, garde toute ta lumière vivante






Il y a des contes qu’on murmure, qu’on ne dit pas plus fort qu’un chuchotement.  On les dit du bout des lèvres parce que c'est de cette façon qu'ils sont vrais..



Le filet tombe dans la barque et le pêcheur s’éloigne. La pirogue glisse en silence. Le soleil éclaire faiblement de loin les contours de l’île. Bientôt le tout petit esquif n’est plus qu’un tout petit point. La lumière augmente et l’air tout entier frissonne. Le garçon resté sur le sable de Kanumera écoute l’écho de l’histoire que le pêcheur murmurait.
« Cette femme que j’attendais sur la plage, je l’avais vue en rêve. Mais je n’avais aucune idée de ce qu'elle serait. Elle marchait vers moi comme sur un tapis. La lumière autour d’elle enflammait les couleurs. Plus rien ne ressemblait à la réalité. Les verts, les rouges, les bleus, se mêlaient dans des couches que je n’avais jamais imaginées. Elle avançait sur ce tapis et ses yeux étaient fixés aux miens. Je ne voyais rien d’autre. Elle était loin, ils n’étaient que deux petits points. Ils s’agrandissaient lentement et je ne sais plus s’ils m’enveloppaient dans leur douceur ou si je plongeais dans une planète inconnue. J’avais envie de danser, de pousser des cris de joie, de hurler, de courir vers elle, de rire, de pleurer. Mais je ne bougeais pas. Et elle avançait. Ses pas, ses pieds, ses hanches, son maigre petit sac qui ne contenait rien, ses cheveux, ses boucles d’oreilles, avançaient avec elle et balançaient en silence dans l’infime mouvement que mes yeux détectaient.
Voir, voir, voir, voir encore avec mes yeux d’hier, et voir soudain avec ceux de demain. Voir comme si je ne savais rien. Voir comme si je n’avais jamais vu. Voir avec les yeux d’un jour, d’un an, voir et ne pas laisser mon esprit m’expliquer ce que je vois. Voir comme on boit la première goutte d’eau après un long désert. Voir l’invisible qu’elle froissait dans sa démarche et voir l’esprit qu’elle m’offrait dans sa marche vers moi. Voir cette chaleur qu’elle irradiait tout autour d’elle, la prendre et ne plus jamais vivre autre chose. Voir, voir, voir comme si je n’existais plus. Alors j’ai vu grandir la réalité, son corps, tout proche, ses yeux tout près, le sac lâché et j’ai compris le fond de l’océan, les hauteurs du cosmos, la fulgurance de l’étoile, l’éternité de l’univers, la naissance et la mort, la vie.
 






"Alors, tu vois ...





"Le fond, la surface, les traces, l'invisible.






"Le fossile, la sculpture, le portrait.












"Dessiner ce que j'ai vu. Te dessiner te peindre, t'éclairer, te voir, te voir.











"La nuit, la vague a sculpté le jour d'aujourd'hui.







"Depuis j'essaie de retrouver ce qu'il s'est vraiment passé ce jour-là, ce que j'ai vu. Ce qu'elle était. Mais je ne suis pas pressé de retrouver cet instant. Je cours après le prochain qui m'ouvrira à nouveau les yeux."


A toi à qui je parle, à toi à qui j'écris,

Le temps,

Qu'est-ce que le temps,

Qu'est-ce que tu vois,

Quand,

A demain