dimanche 11 août 2013

LES OISEAUX SONT-ILS RENTRES CHEZ EUX?

Nous avons lâché des pigeons pour honorer les habitants du cimetière de Villerouge. Est-ce qu'ils sont tous rentrés chez eux? Est-ce qu'ils sont bien rentrés chez eux. Ces acteurs éphémères, à peine vus, entrevus seulement peut-être, ont joué leur rôle et ont disparu.

Des acteurs? Oui bien sûr, des oiseaux, mais des acteurs.

 Toutes les actrices, tous les acteurs sont-ils rentrés chez eux?

 Ils vont être assaillis pendant quelques jours, quelques nuits, d'images et de sons, de mots et mouvements qui leur manqueront et qui reviendront dans leurs rêves.

Ils revivront certainement beaucoup de ces instants, consciemment ou non, dans leur sommeil ou malgré eux dans la journée.


 Ils pleureront peut-être. Oui ils pleureront peut-être sans trop savoir pourquoi, ils se laisseront submerger par une émotion. Venue d'où?

Le blues des créateurs. Le vide quand il vous regarde, vous fait pleurer parfois.





 Oui j'aime penser ça des acteurs, avec cette chair douce et sensible qui les caractérise. Le vide après la création. Et puis le voyage suivra.

 Tous repartiront quelque part, vers une autre aventure. Profession ou pas, tous étaient étroitement soudés dans "L'oiseau Bleu".



Moi maintenant je suis là, dans la maison de mes amis de Nakutakoin en Nouvelle-Calédonie. Après un long voyage, je me suis écroulé sur le lit offert. Depuis j'ouvre les yeux. Nous parlons de nous. Je ferme les yeux. Nous mangeons. J'ouvre les yeux. Nous buvons. Je ferme les yeux. Je suis perdu. Je sais bien que le temps est mon ami, mon ange gardien. Mais je suis perdu. Il m'a fait tourner la tête et j'ai perdu l'équilibre. Les heures ne sont plus les heures, et les jours ne sont plus les jours. La Nuit, la Lumière sont là. Elles ont changé le rythme de leur chanson, et elles dansent autour de moi. Sans cesse. Je ferme les yeux, elles sont là. J'ouvre les yeux, elles sont là. Je retombe sur le lit. A demain.

La saison qui vient de passer n'a ressemblé à aucune autre. Elle m'a fait valser du gouffre le plus profond aux étoiles les plus brillantes. Des ténèbres au soleil.


A toi à qui je parle, à toi à qui j'écris, c'est là que je dors, et c'est ce que je vois quand j'ouvre les yeux. Un ciel ébouriffé de nuages de toutes les couleurs. Un ciel qui écrit le jour qui vient, la nuit qui vient, les prochaines semaines, les prochains mois, et qui me fait rêver de tous les moments à vivre, de toutes les secondes, de toute l'éternité, de la vie qui m'attend et que j'entends galoper vers moi, moi si gourmand, impatient et serein.

Et maintenant le temps de laisser souffler le vent, tomber la pluie, couler le fleuve... et regarder.

A demain.