lundi 21 mars 2011

ALEXANDRA COSTUMIERE

Le costume au théâtre est une histoire délicate, sensible et "majeure". Pour les acteurs, femmes et hommes, tout ce que nous portons sur scène est intimement lié à une histoire qui nous concerne dans notre conscient et dans notre inconscient. Pour la plupart nous nous mettons volontairement sous les yeux d'un public pour raconter quelque chose avec notre corps. Même s'il y a des mots, notre corps est en avant de nous-mêmes. Il parle avant nous, bien avant nous. Et ce que nous mettons sur ce corps, le nôtre, est d'une telle importance que cette chose peut détourner notre parole, le sens de notre parole, celle du corps et celle du texte. Quand nous nous avançons vers le spectateur nous venons mains ouvertes, fragiles, vulnérables, avec nos failles et nos doutes. Le costume doit être notre allié. Grâce à lui nous venons forts, déterminés, sûrs, confiants, donc généreux.

J'ai rencontré Alexandra quand Elsa qui la précédait a trouvé un poste permanent à l'opéra d'Avignon. Alexandra est entrée dans Conduite avec fermeté et discrétion, avec professionnalisme et sensibilité. Avec déjà beaucoup d'expérience, elle est venue pour "Electre boulevard Chemin-Bas", un texte que j'ai écrit pour les filles du quartier qui étaient encore soumises pour certaines, à la peur du mariage forcé.
Un spectacle mêlant amateurs et professionnels.

Une belle aventure car tous ceux qui y ont participé étaient tellement différents les uns des autres.

Mais donc pour Alexandra une première avec nous qui lui a donné tous les ingrédients de Conduite.

Depuis elle est là près de nous. Elle participe aux plus belles comme aux plus lointaines aventures.

Je suis sûr aujourd'hui de ne pas aimer faire création de tout. Le costume n'est pas l'occasion de faire du costumier un "designer", un Lacroix ou autre chose comme ça.

Ce costume doit servir le texte dans les choix de la représentation et l'acteur dans ce qu'il est directement sur sa peau et qu'il doit jouer avec lui. Un costume qui fait mal, un costume qui glisse, qui est mal taillé, gêne et blesse.

Alexandra, aussi habilleuse dans d'autres compagnies et théâtres sait ajuster au plus près du corps des acteurs tout ce que nous devons porter. Elle lit les textes comme une femme de théâtre, en dramaturge, en poète. Tout le travail dramaturgique une fois fait, elle sait aussi dresser les listes interminables des accessoires et des costumes, de ceux que le texte propose de faire apparaître ou pas.

Ce travail laborieux, parce qu'elle doit coudre aussi, parce qu'elle doit chercher des lunettes, des foulards, ou les fabriquer, ce labeur qui l'oblige à aller d'une boutique à une autre, Alexandra le fait sans effort apparent.

Alexandra sait créer un personnage sans que la création "écrase" l'acteur. Elle sait poser les vêtements, les accessoires et reconnaitre quand une idée est une fausse bonne idée, ou bien une vraie idée, persévérer dans le choix ou faire volte-face.

J'adore travailler avec elle. Elle s'entend bien avec François le scènographe et Philippe l'éclairagiste, avec Alain, avec Charles, avec les comédiens. Oui tout ça c'est important pour qu'au bout de notre travail qui nous demande et nous prend tant de nous-mêmes, nous soyons tous satisfaits de ce que nous avons fait.

Et ça nous arrive souvent. Un vrai grand plaisir d'être avec toi Alexandra. De travailler et regarder les acteurs travailler. Et puis de vivre avec toi ce théâtre qui nous rend toute sa poésie parfois avec tant de grâce qu'on croit voler au-dessus du plateau.

lundi 21 février 2011

PHILIPPE GROSPERRIN - ECLAIRAGISTE

Il y a parmi tous les compagnons proches de nos créations, celles et ceux qui composent l'équipe de conception. C'est le mot juste. Même s'il semble un peu mental, ce mot désigne bien le travail qui nous rassemble.

La naissance d'un projet?

J'ai dans mes rêves et dans ma mémoire une liste ininterrompue de textes et idées qui se volent mutuellement la place. Parfois un signal se déclenche. La distribution - et je dis là les comédiens - est prête, maintenant. C'est le moment. Le moment qui peut-être ne reviendra plus ... avant ... ?

Donc je donne soudain la priorité à un texte ou une idée et je transmets. Aux concepteurs d'abord. La lumière, Philippe, Alexandra pour les costumes et François pour la scénographie. Je donne les premiers éléments constitutifs et nous passons à la conception. Ensemble nous tentons de suivre les fils conducteurs que j'ai pu mettre sur la table et ensemble nous tentons de concevoir ce qui va nous guider. Ce qui va nous conduire à la réalisation. Toutes les contraintes de budget, d'espace et de lieu de création et de tournée font leur travail de sélection. Les propositions s'éliminent ainsi devant les contraintes et petit à petit les solutions s'imposent. La logique du devenir scénique apparait. Elle est là. Le spectacle a maintenant sa propre vie. Chacun, les costumes, la scéno, la lumière a maintenant sa propre lecture, ses propres codes et outils. La conception s'est amorcée. Nous pouvons maintenant parler aux comédiens. Leur montrer l'espace dans lequel je vais les mettre en scène. Leur montrer le style et le genre des costumes qu'Alexandra va amener au fil des jours. L'espace ...

J'ai rencontré Philippe en 1997. Le Théâtre de Nîmes m'avait passé commande de l'écriture et la mise en scène d'une pièce de 20 minutes. J'ai écrit "Plutôt la vie Mélanie". Une pièce qui raconte l'histoire d'une fille qui passant une frontière, passe aussi ainsi à la fouille, et se fait démanteler au propre et au figuré. Les douaniers lui scient les bras et les jambes pour contrôler. Il ne restera d'elle qu'un chariot avec tous ses membres entassés les uns sur les autres. Les comédiens étaient, Katy, Yvon Poirrier et Christine Heitzmann. Philippe est venu voir le spectacle. Nous avons parlé ensemble avant et après. Nous avons posé entre nous les règles qui régissent notre façon de travailler l'un avec l'autre. Depuis Philippe éclaire nos spectacles.

C'est un immense plaisir de travailler avec lui. Vous savez ou peut-être vous ne savez pas, la lumière, c'est quelque chose de tout neuf au théâtre. Elle est née avec l'invention de l'électricité. Et l'éclairagiste est un artiste tout neuf aussi. Né avec l'électricité, mais aussi le cinéma, et tout ce qui fait aujourd'hui le spectacle vivant. Et aussi, tous les "effets". Et c'est difficile parce que c'est un poste où la personne peut prendre le "pas", le "pouvoir" sur tout le spectacle. L'entente avec le metteur en scène doit être parfaite pour que l'équilibre de ce pouvoir soit rendu avec humilité, poésie, art et générosité, talent et magnificence à l'auteur, le poète, par le transfuge des acteurs. Et Philippe est de ceux qui s'effacent devant l'auteur et les acteurs. Il leur rend grâce. Il les sublime. Il a l'intelligence du texte et du mouvement. C'est un dramaturge. A sa manière il écrit dans le noir avec ses fils de lumière.

Et ça nous entraîne tous les deux dans une liberté, une liberté de création qui donne le vertige. Quelquefois on se fait peur. Il y a une vraie peur dans la création. Ces moments où on se dit mais qu'est-ce que je fais?

Mais ça marche. On avance ensemble et on va quelque part. C'est une belle certitude. C'est celle qui redonne sa place aux projets, qui justifie cette incessante quête. Un autre spectacle, un autre spectacle, ...

Merci Philippe d'être aussi efficace, discret, intelligent et généreux ...

mercredi 26 janvier 2011

ALAIN






En 1995, après la dernière création de Conduite qui était une aventure "institutionnelle" (je m'expliquerai), j'ai tourné le dos à certaines pratiques en "vogue" dans le milieu professionnel régional des compagnies, et la barque de la compagnie a fait "toute voile dehors", route vers l'itinérance.




C'est à ce moment-là que nous avons repris contact avec Alain, et conçu en collaboration étroite avec "Le Petit Chantier", atelier de construction alors à Berre-L'étang, notre chapiteau d'intérieur que nous montons toujours aujourd'hui.


En 1995, la compagnie n'avait pas de responsable technique, ni de technicien en général. Patrick Métayer, concevait la lumière, Charles Marty la scénographie, Bernard, et Elsa et Isabelle aux costumes. Je comblais ce vide en chargeant, déchargeant, montant, démontant, et entretenant le véhicule, un vieux Master Renault qui nous a été fidèle jusqu'à l'Iveco que vous connaissez.

En 1998, enfin je prends la décision d'engager, rechercher un vrai directeur technique. Alain quittait la Chimère. Bienvenue Alain.


Depuis ces douze ans déjà, la compagnie s'est transformée autour de cet équipage technique. J'ai adapté mes rêves aux réalités et nous voici donc sur les routes, avec au volant Alain, les caravanes et le chapiteau.


Riche de ces grandes qualités indispensables aux compagnies comme Conduite, Alain peut tout faire ou presque comme on dit. Ingénieux, efficace, bricoleur, inventif, économe, et toujours sur la brèche. Et plus précieux que tout, l'esprit de compagnie - L'ange dont on parle si souvent sans en délivrer une photographie bien nette - . Pour Alain et moi cet esprit est très net, et nous avons le même. Et c'est lui qui nous guide.


Il excelle avant tout dans le travail du fer. C'est là qu'il est le meilleur, et même si les bricolages sont les faux-amis du théâtre, les constructions d'acier d'Alain sont de vraies oeuvres d'art.


La route que nous avons prise est creusée dans la terre ferme, il n'y a pas de fin à cette route, comme il n'y a pas de fin à notre terre.

Merci Alain d'être aussi ce lien chaleureux que tant de collaborateurs apprécient.

jeudi 20 janvier 2011

CHARLES



Avec Charles c'est la plus vieille aventure qu'on pourra retrouver dans ces pages.

Kathy et moi l'avons rencontré en 1988. Nous jouions "Demain on rasera gratis" une pièce que j'ai écrite à cette époque avec en fond les magouillages et spéculations de Bernard Tapie. Le sous -titre était "L'irrésistible ascension de Ténard Flappy". Humour et folie étaient dans la pièce.

Le public fut décontenancé et ce fut le premier spectacle de la compagnie que vit Charles.

Il est entré à Conduite comme administrateur, et en est reparti trois ans plus tard pour monter sa propre troupe et s'atteler à la création.

Nous nous sommes retrouvés en 1998. Sans jamais nous être perdus de vue.

Nous avions fait chacun un bout de chemin dans les "ailleurs" de la profession. Etrange famille que celle du théâtre en région. Pas vraiment parisienne, mais qui voudrait copier et appliquer des règles parisiennes qui sembleraient être professionnelles. On s'y perd un peu.

Et puis on revient à la réalité.

Charles rejoint Conduite pour le virage à prendre vers l'itinérance. Alain arrive trois mois plus tard. Le chapiteau n'est pas loin.

Charles est un excellent gestionnaire.

Dans la profession on parle souvent du couple créateur-administrateur. Nous n'avons pas vraiment formé un couple tous les deux. Mais il a toujours eu la contradiction qu'il fallait pour faire avancer les choses.

Ca n'a certainement pas été facile pour lui, ceux qui me connaissent comprendront pourquoi! Mais il est celui à qui nous devons de manière solide la stabilité et la progression de la compagnie dans les meilleures conditions.

Sa place n'est pas la plus agréable, mais nous avons toujours eu ensemble le souci prioritaire des salaires des comédiens et de leur confort dans le travail, leur sécurité.

Aujourd'hui Charles a gagné une autre façon de travailler avec nous. Il a créé une entreprise personnelle après trois années de formation et continue la gestion de la compagnie à mi-temps. Son engagement et son intégrité n'ont pas faibli.

C'est une belle route Charles. Une belle voie que tu as donnée à Conduite. Merci.

PHILIPPE





Quand nous avons ouvert le théâtre 32 en 1997, nous avons mis en marche une régularité de créations qui nous a entrainés dans un rythme effréné.

Au début des années 200-2001 "Le conte d'hiver" de Shakespeare traduit par Bernard Marie Koltès en fit partie. Nous jouions tous. Tous c'est-à-dire, Charles aussi jouait, Alain, moi. Tous ceux qui étaient là. Un peu comme quand nous nous retrouvions à Montaillou ou Villerouge pour les grands spectacles dans la nature, reconstitutions historiques.

Puis, nous avons repris ces spectacles et remplacé les comédiens de la création. C'est à ce moment-là que Philippe nous a rejoint.

Déjà nîmois bien avant. Déjà connu de la compagnie. La rencontre devait se faire sur le Shakespeare.

Depuis il est resté.

Aujourd'hui un des comédiens permanent de Conduite, Philippe est de tous les projets. Ateliers, créations, lectures.

De toutes les aventures.

D'origine espagnole il a ce contact immédiat dans sa présence, de la paternité.

Il cultive une déférence à la voix qui lui donne parfois ce légér décalage entre l'incarnation et la fabrication.

Merci pour cette route faite avec toi, Philippe.

dimanche 16 janvier 2011

VANESSA














Vanessa.

Elle a joué pour la première fois avec nous dans une adaptation d'Electre que j'ai écrite pour le Théâtre 32: "Electre boulevard Chemin-Bas".

C'était l'histoire d'une fille du quartier. Un mariage forcé arrangé par sa mère et son beau-père.

Vanessa a cet engagement immédiat sur scène. Entier. Elle a aussi cette qualité certainement héritée de sa mère, l'émotion à fleur de peau.

















Quelques années plus tard en 2006 Vanessa frappe à la porte de Conduite Intérieure: "je veux travailler et jouer à Conduite Intérieure."

C'est magnifique non? Et superbe aussi de me donner l'occasion de répondre, "entre", et de réaliser pour elle ce que je rêvais adolescent pour moi.

Depuis c'est une histoire qui se construit et qui forge à coups de force et de douceur une femme intelligente et responsable.



Elle est pour moi la véritable héritière instinctive du théâtre de Conduite Intérieure.


Une grande actrice. Et une bientôt très bonne réalisatrice.




Merci d'être avec nous Vanessa.













mardi 11 janvier 2011

L'EQUIPE DE CONDUITE INTERIEURE

Depuis l'ouverture de ces pages d'actualité de la vie de la compagnie, vous avez vu défiler des visages, des groupes, des couleurs, des situations, sans savoir ou pouvoir deviner qui sont les personnes en action sur les images.

Avant de commencer cette saison nouvelle par un programme et une avalanche de prévisions, de nouveautés, de changements plus ou moins profonds et de créations, vous pourrez feuilleter l'album de la compagnie, dans lequel je vous présenterai tous les éléments très actifs qui ne sont pas forcément sur les photos quand la compagnie est "sur scène".

Le temps de le créer cet album, sera le temps qu'il faut pour adapter des images et l'histoire de chacun, puis de les publier. Pas de rythme régulier, mais le rythme de mes possibilités.

Cette idée m'a été soufflée par un frère qui suit de très loin notre aventure et auquel manque ces précisions. Hello Jean-François, merci et "salut".

Bonne année avec nous.